La pub du jour
J’ai un ami qui travaille au Musée des tissus de Lyon. Quand je l’interroge à son sujet, il s’étend sur son état ; et de la façon qu’il l’évoque j’ai parfois l’impression d’entendre un médecin qui s’épancherait sur le cas désespéré de l’un de ses patients.
-On lui a redonné un mois à vivre.
-Ah, cool.
On prolonge une agonie, on sursoit la fin définitive. Si la mort est chose programmée pour chacun de nous, les perspectives d’avenir paraissent résolument plus opaques à ceux qui souffrent d’un cancer généralisé.
Que dire ? Les politiques se sont assis sur le dossier, l’inspecteur Collomb en tête, lequel après sa dernière enquête avait conclu en préférant investir des millions dans un culturel préemballé dans du papier d’aluminium qui clignote comme une guirlande de Noël et qui s’appelle Confluence. Confluence, qu’on aime ou qu’on aime pas architecturalement parlant la question n’est pas là. On s’aligne tous pour y reconnaître un coup de pub, un coup de com, une vitrine clinquante pour Lyon sud qui s’est montée aux dépens du magasin. Or un patrimoine culturel existe à Lyon dans le musée des tissus depuis plus d’un siècle et dont la renommée a amplement débordé les frontières du Rhône et de la Saône.
Quel avenir pour le Musée des tissus ? Un hôtel de luxe pour vieux friqués ?
Parfait. Après s’être bâfré dans l’ex Hôtel-Dieu, ci-devant hôpital pour pauvres, demain temple du luxe et de la gastronomie, l’on pourra traîner la jambe jusqu’à sa chambre en direction du porche de l’actuel musée des tissus, futur résidence de charme et d’exception, à condition bien entendu d’en avoir les moyens.
Venez voir le Musée des tissus clamait-on dans l’une de ces pages consacrées à la réclame de la revue de La soierie de Lyon de ce mois de novembre 1925. Venez voir le Musée des tissus, mais hâtez-vous, repris-je en chœur.
Davantage sur le sujet ici.